Il était tôt lorsque Xiang était venu réveiller Judy. En fait, le soleil était à peine levé.
Après s’être frotté les yeux de fatigue, la fillette avait consenti à venir prendre le petit déjeuner avec le garçon et les autres enfants déjà levés. Mal réveillée au début, elle avait retrouvé toute son énergie lorsque Xiang lui avait rappelé la raison pour laquelle elle s’était levée ce matin là : il avait prévu de l’emmener pour lui montrer le métier qu’il appelait “croupier”.
La petite flûtiste n’avait aucune idée de ce que c’était mais avait hâte de partir en ville avec le garçon. Elle était très curieuse en ce qui concernait la cité. En plus, elle avait cette même impression avec Xiang qu’elle l’avait avec Liam autrefois : l’impression qu’il savait plein de trucs. Ca la fascinait.
Son petit-déjeuner englouti, la fillette avait attrapé sa sacoche et sa flûte qui ne la quittaient presque jamais et avait suivit le garçon et celui qu’il avait nommé la veille comme “son apprenti”. Tous trois étaient sortis dans les rues de la Cité de Louisiane, Xiang et Hugo marchant devant et Judy trottinant derrière.
Puis ils s’étaient arrêté devant une pile de cartons dans une rue et son ami avait déplié l’un d’entre eux pour former une table improvisée. Il avait sortit de son bardas trois gobelet en plastique et une petite bille rouge qu’il lui présenta.

“ Vous allez devoir trouver la balle tous les deux d’accord ? ”

Ca ressemblait à un jeu et pourtant son ton résonnait comme un défi. Judy se concentra pour ne pas perdre une miette de ce qui suivit.
Xiang glissa la balle sous un gobelet. S’ensuivit une sorte de danse des gobelets entre les mains agiles du garçon. La fillette s’efforça de suivre celui qui contenait la balle mais lorsque le jeu s’accéléra elle le perdit vite des yeux. Lorsque Xiang s’arrêta, elle affichait une mine troublée.

“ Alors ? Elle est où la balle tu crois ? ” demanda le garçon en la taquinant d’un sourire.

Perdue, la petite flûtiste hésita. Elle jeta un regard rapide à Hugo mais son propre sourire lui indiqua qu’il connaissait déjà la réponse et qu’il ne l’aiderait pas. Judy regarda les trois gobelets comme si elle pouvait voir à travers puis montra celui du milieu.


“ Heu… Celui là ?... ”

Inventaire:

Troublée d’avoir perdu un première fois au jeu alors que Hugo lui lançait un regard moqueur, Judy écouta avec une attention redoublée les explications et Xiang.
Elle s’accroupit devant la table improvisée et se concentra intensément sur les gobelets pour suivre les gestes de son ami au fil de ses conseils.

“ La balle peut changer de gobelet en plein milieu de la partie et si tu gardes tes yeux rivés sur le gobelet qui la contient, tu vas forcément perdre. ”

La fillette hocha la tête pour signifier qu’elle avait compris.

“ Ce que j’aime dans ce jeu, c’est qu’il n’y a pas d’arnaque, en aucun cas tu peux être accusé de tricherie, c’est pas comme le boneto, là c’est de la triche, et les gens le crament au bout de quelques essais. ” ajouta Xiang.

La petite flûtiste lui adressa un regard surpris. On aurait dit que le garçon cherchait à se justifier devant elle et affirmer l’honnêteté de son travail.
Judy lui sourit avec gentillesse pour tenter de le rassurer. Par rapport aux activités de vol que lui avait présenté son ami la veille, elle trouvait que celle ci était plutôt honnête et n’avait rien de méchant. Ce n’était qu’un jeu quelque part, les gens n’étaient sûrement pas obligés d’y jouer. En bref, elle ne sentait pas mal à l’aise avec.
Xiang lui montra la balle qu’il avait placé entre son pouce et son index puis la glissa sous un gobelet.

“ On recommence, tu te concentres sur la balle d’accord ? Pas sur le gobelet… ”

La fillette fronça légèrement les sourcils et mit toute son attention sur la petite boule rouge selon les conseils du garçon. La danse des pots recommença, aussi vive qu’avant.
Au début, malgré sa concentration, Judy eut beaucoup de mal à percevoir la balle. Alors elle décida de se fier à un autre sens que la vue, plus aiguisé : son ouïe. La balle émettait une sorte de léger frottement régulier sur le carton lorsqu’elle roulait d’un gobelet à l’autre. C’était comme écouter les notes d’une petite mélodie presque imperceptible. De temps à autre, la fillette entrapercevait la petite balle rouge qui filait d’un gobelet à l’autre, comme si Xiang s’amusait à lui montrer. Ou peut être qu’il se montrait conciliant pour son second essai.
Enfin, les gobelets s’alignèrent et s’arrêtèrent, tels des artistes qui se mettent en ligne pour saluer leur public.

“ Et maintenant dis-moi ? Où penses-tu qu’elle est ? ” demanda Xiang, un peu taquin.

Judy ne répondit pas tout de suite. Elle avait écouté avec attention le son de la petite boule rouge et elle avait l’impression qu’elle se trouvait dans le gobelet de gauche. Mais elle n’était pas sûre d’elle… Peut être qu’elle s’était trompée. Elle ne voulait pas décevoir Xiang, ce jeu semblait important.
Troublée, elle fixa le gobelet de gauche pendant plusieurs seconde avant d’oser se lancer.

“ Ce… Celui là ?... ”

Elle pointa son doigt dessus et adressa un regard inquiet à son ami, n’osant pas se retourner pour voir l’expression de Hugo.


HRP : Désolééée ! J'ai encore fait un post long... >.<

Inventaire:

Nouveau gobelet soulevé, nouvel échec. Judy baissa légèrement la tête, gênée de son erreur.
Mais Xiang la rassura d’un sourire et d’un mouvement affectueux en lui pinçant le menton.

“ Ne t'inquiètes pas, c'est normal au début de ne pas y arriver. Avec le temps et l'expérience,la balle ne pourra plus t'échapper. ”

Judy hocha la tête, lui répondant d’un sourire timide. Après avoir remis ses gobelets en place, le garçon lui fournit une explication :

“ C'est comme ça que je gagne ma vie. J'ai fait le pickpocket pendant longtemps également, mais ça c'est plus sûr. Le but est d'attirer les passants pour qu'ils jouent de l'argent, et comme je gagne plus souvent que je ne perd, je me fais mon argent comme ça. De temps en temps les gens gagnent et c'est à ça que vous servez, vous êtes mes rabatteurs. Vous devez faire genre que vous arrêtez pas de gagner et comme ça vous attirer des gens qui pensent que c'est de l'argent facile et moi hop ! Je gagne plein d'argent et on partage tout, et c'est légal en plus ! Habile non ? ”

Judy médita quelques instants sur ces mots. Elle commençait à comprendre ce qu'était un “croupier”. Effectivement, décrit comme ça, ça paraissait beaucoup moins négatif à ses yeux que le fait de voler. Mais elle n’était pas vraiment sûre d’aimer ça pour autant… Elle qui n’aimait pas faire du mal aux gens, elle avait quelque part l’impression que ce serait le cas avec ce jeu...
Mais elle ne voulait surtout pas décevoir Xiang, alors elle s’abstint de protester. Après tout, elle pouvait toujours essayer… Et au pire il lui resterait toujours la musique et cette idée que lui avait donné le garçon : vendre ses produits médicinaux dont elle avait le secret.
Elle approuva donc timidement de la tête à la question du garçon en lui rendant son sourire.
Xiang changea alors d’attitude, voyant que des personnes s’approchaient.

“ Allez dans vos rôles. ” leur lança t-il avant de héler les passants. “ Allez allez mesdames et messieurs ! Une balle trouvée c'est 10 capsules ! 5 capsules la partie ! “

Avant qu’elle parte, il glissa discrètement à Judy 5 capsules.

“ Ne parie pas quand t’es pas sûre.  ”

Elle échangea un regard avec lui en chuchotant un :

“ D.. d’accord... ”

Puis elle se releva et s'éloigna en tenant fort ses capsules, plus par stress que peur de les perdre. Elle n’était pas sûre du tout de ce qu’elle allait faire et se sentait un peu perdue dans cette situation. Aussi, au moment ou les passants se rapprochaient pour examiner le stand de Xiang, elle se glissa vers Hugo et lui murmura inquiète :

“ Comment on doit faire ?... Je veux dire pour savoir quand on va gagner ?... ”

Elle se sentait stupide d’avoir à demander ça. Mais Xiang lui avait dit de ne parier que quand elle était certaine de gagner… Alors qu’elle n’avait pas trouvé une seule balle. Elle ne voulait pas passer pour une idiote devant lui et Hugo.

Inventaire:

Pour toute réponse à sa question, Hugo lui donna un discret coup de coude. Le message était clair : elle ne devait pas lui parler pendant “l’opération”. Sans doute pour que leur rôle soit crédible.
Angoissée, Judy s’éloigna de quelques pas. Elle se mêla comme elle pu à l’attroupement qui s’était formé autour de Xiang et observa. Alors que tous hésitaient à parier, Hugo s’avança alors et plaça ses 5 capsules sur le carton.

“ Celle-là là ! 5 capsules ! ”

Judy observa le garçon avec attention. Il était sûr de lui et jouait parfaitement la comédie. Allant même jusqu’à afficher une mine de défi. Xiang le regarda comme s’il ne le connaissait pas et souleva son pot avec un air presque déçu très bien mimé.

“ Premier jeu, premier gagnant ! Allez messieurs-dames, tenez votre chance ! ”

La victoire de Hugo motiva les récalcitrants. Plusieurs personnes s’enchainèrent, toutes perdirent. La motivation du public commença à s'amenuiser.
Judy hésitait à parier. Elle n’était jamais totalement sûre de l’emplacement de la balle. Xiang commença à lui lancer comme à Hugo des regards de détresse. La confiance des gens diminuait.
Soudain, alors qu’elle se concentrait très fort, Judy aperçu durant une fraction de seconde la balle rouge. Elle avait roulé sous le pot de gauche juste avant que son ami s’arrête. Cela lui fit l’effet d’une décharge. Du coin de l’oeil, elle vit qu’un homme avait lui aussi sans doute remarqué ça. Elle s’élança pour le devancer et arriva avant lui devant le carton.

“ Moi ! J… je veux essayer… “

Troublée, elle essaya de garder son calme et tendit ses capsules à Xiang. Au moins, son air mal à l’aise pouvait passer pour celui d’une cliente hésitante.
Puis d'un doigt tremblant, elle désigna le pot à gauche.

Inventaire:

Alors qu’elle tremblotait en attendant la réponse, Judy était de moins en moins sûre de son choix. Si ça se trouve, elle s’était trompée… Elle avait peut être mal vu… Que penserais Xiang ?...
Mais heureusement le garçon souleva bien vite le pot, révélant la petite balle rouge. Cette vue soulagea tellement la fillette qu’elle faillit pousser un soupir de soulagement. Elle se retint et se contenta d’un sourire ravi qui se maria parfaitement avec sa couverture de cliente inquiète. Xiang lui rendit son sourire en lui cédant ses 5 capsules qu’elle avait gagné. Bien sûr il souriait à tous les gagnants, mais cette fois son expression signifiait autre chose qui gonfla de joie le coeur de la petite fille.

“ Hé ! Qui passe à la caisse encaisse ! Bavo petite, cinq capsules pour toi ! Allez, à qui le tour ? ”

Continuant dans son rôle, un peu plus sûre d’elle, Judy le remercia et fila avec ses capsules dans la mains. Elle souriait avec sincérité et n’avait pas besoin du coup de forcer la joie affichée sur son visage.
Elle avait réussi ! Elle avait trouvé la balle ! Et la fierté qui était passée pendant une demi seconde dans le regard de Xiang l’avait ravie plus que tout.
Les jeux continuèrent. Parfois des gens gagnaient, mais la plupart du temps il repartaient en marmonnant de déception. Judy ne savait pas trop comment se situer par rapport à ça… D’un côté elle n’était pas certaine d’aimer vraiment les jeux d’argent, même s’ils n’avaient rien de méchant. De l’autre, elle se sentait vraiment heureuse d’avoir réussi à aider ne serait ce qu’un petit peu Xiang. En plus il l’avait soutenue depuis leur rencontre lui, alors elle n’allait sûrement pas se plaindre.
La fillette n’osa plus trop parier de nouveau. Elle avait réussi une fois mais avait peur que la seconde se solde par un échec et étouffe la joie qu’elle avait ressentit en trouvant la balle… Mais elle ne quitta pas un instant le jeu des yeux, essayant d'entraîner son regard à suivre la boule rouge. Ce n’était vraiment pas facile.
Finalement après une heure de jeu, les derniers clients s’éloignèrent et il ne resta plus que Xiang, Hugo et elle. Le garçon le plus âgé en profita pour faire tomber les masques et lança joyeusement à la fillette :

“ Eh ben voilà, tu vois Judy, j’ai gagné ma journée, et celle d’Hugo aussi ! Maintenant on va faire une pause, et cet aprem on reprend pour toi. ”

La petite flûtiste lui fit un mince sourire et approuva de la tête.
La joie de son ami et de son apprenti était communicative. Elle regarda avec satisfaction les 10 capsules qu’elle avait en main, donc 5 qu’elle avait réussi à faire gagner. Xiang de son côté alla ranger son carton-stand dans une ruelle proche. Lorsqu’il revint, la fillette lui rendit les 10 capsules sans perdre son sourire.

“ Alors ? Qu’en penses-tu ?  ” demanda le garçon avec fierté.

Judy n’hésita pas longtemps. En cet instant tous ses doutes sur ce jeu s’étaient envolés et elle ne ressentait que la joie et la bonne humeur que lui transmettaient ses deux compagnons.

“ C’était vraiment super ! Je pensais pas que j’y arriverais en plus ! ” répondit elle avec sincérité.

Obnubilée par la bonne humeur qui semblait les avoir saisi tous les trois, elle n’entendit pas la personne qui arriva en marchant à grands pas derrière elle. Aussi lorsqu’elle sentit quelque chose l’attraper par le col et la soulever de terre, elle cria de surprise encore plus que de peur.
Elle se retrouva soudain appuyée contre un mur, suspendue à un mètre du sol, le visage rouge de colère d’un homme près du sien.

“ Saleté de petite voleuse ! J’étais sûr que y’avait une entourloupe ! T’es de mèche avec ces deux là et tu m’as piqué ma victoire ! ” cracha l’agresseur furieux.

Effrayée autant par sa façon de parler que par son expression agressive, Judy reconnu la personne qu’elle avait devancé en gagnant tout à l’heure. Elle rentra comme elle pu sa tête dans les épaules et bafouilla :

“ J… Je… Non j… J’ai... ”

L’homme perdit presque aussitôt patience devant cette “excuse”. Il la secoua un peu et l'appuya davantage contre le mur. Il sentait fort l’alcool.

“ La ferme morveuse ! J’veux les gains que j’aurais dû avoir ! File les moi ! ”

Judy gémit de frayeur et de douleur en sentant sa prise sur son chandail lui serrer la gorge. Son regard apeuré et suppliant chercha Xiang.

Etat de santé:

Inventaire:

Judy se tortillait dans les mains du client saoul mais sa poigne se resserrait un peu plus à chaque fois. Elle suffoquait.
Si Hugo détala aussitôt à la vue de l’agresseur en appelant de l’aide, Xiang lui, réagit avec plus d’instinct et d’agressivité au regard implorant de la fillette. Il attrapa une brique et couru vers l’adulte pour la lui écraser sur la tête. Il y eut un bruit mat quand l’objet cogna le crâne dégarni don bonhomme furibond. Sous l’effet du choc et par surprise un peu aussi, il desserra sa prise et lâcha Judy. La fillette tomba sur les fesses mais la peur la fit se relever tant bien que mal le plus rapidement possible. Son ami bondit alors sur elle et l’attrapa par la main avant de courir jusqu’à la rue la plus proches.
Quelques secondes plus tard, Judy entendit son agresseur beugler des insultes à leur égard, sans doute remis le rythme effréné de Xiang mais elle avait de plus petites jambes, qui tremblaient en plus, et elle manqua de trébucher plusieurs fois. Heureusement le garçon ne lui lâcha pas une seconde la main.
de son coup sur la tête. Mais ils étaient déjà en train de zigzaguer d’une ruelle à l’autre. Judy essayait de suivre  Finalement il tourna dans une dernière allée peu fréquentée et autorisa enfin un arrêt. Les deux complices étaient hors d’haleine. Judy dû s’appuyer d’une main sur un mur pour éviter de tomber en reprenant son souffle. Son coeur battait la chamade, autant à cause de la course que par la frayeur qu’elle avait eut.

“ Ça va ? Pfff… Rien de cassé ? Pff… ” demanda Xiang essoufflé.

Voulant le rassurer, Judy lui adressa un sourire crispé en respirant fort par la bouche et hocha la tête. Mais ses yeux trahissaient l’angoisse qui ne l’avait pas quittée encore.

“ Bien… Pfff… “ conclu le garçon.

Ils prirent encore quelques secondes pour reprendre leur souffle. Puis Xiang reprit la parole en essayant de se montrer plus enjoué :

“ C’est… pffff…. C’est la première fois que je tape quelqu’un. Ca peut arriver hein ! pfff…. Normalement on court juste chercher à l’aide pour des gens qui veulent nous racketter…. Pfff… Mais là, il puait tellement l’alcool, à 10 heures du mat ‘, il aurait put te faire du mal, j’ai eu très peur… Pfff…. Don’t try this at home ! “

Judy voulut rire, lui répondre joyeusement et le remercier.
Mais soudain tout le choc de ce qui venait de se passer lui retomba dessus. Ses jambes flageolèrent. Pour ne pas tomber elle appuya son dos contre le mur glissa par terre. Elle tremblait comme une feuille à présent.
Bien sûr ce n’était pas la première fois qu’elle se faisait agresser. Elle se souvenait bien de l’altercation avec le policier avant sa rencontre avec Xiang. Mais c’était la première fois qu’elle avait eu aussi peur depuis…
Judy frissona.
Elle repensait soudain au garçon méchant, à ses jeux cruels, au collier de chien autour de son cou…
La petite flûtiste frotta ses bras des mains et se recroquevilla sur elle même en tremblottant.

“ P… Pourquoi il était si méchant ?… J… Je voulais juste le rendre un peu plus gentil… “ gémit-elle tout bas.

Etat de santé:

Inventaire:

Le contact de Xiang eut un effet rapide sur Judy. Rassurée par cette étreinte, elle commença aussitôt à se calmer.

“ Là… LAAAAA, c’est fini Judy, d’accord, c’est fini….. Je suis là. Hein ? ” l’apaisa le garçon.

La fillette se laissa aller à l’étreinte et retint de peu ses larmes pour ne pas paraître ridicule. Elle ferma les yeux et se calma doucement, bercée par le contact de son ami. Elle avait l’impression de redevenir une petite fille de cinq ans calmée par sa grande soeur.
Doucement, ses tremblements diminuérent. Xiang desserra un peu son étreinte et profita que la crise de panique de Judy soit apaisée pour lui parler :

“ Tu sais Judy, il y aura toujours des méchants dans la vie. Quoi qu’on fasse, des gens qui voudront nous prendre le peu qu’on a, ou simplement nous faire souffrir par sadisme. Parfois on peut pas tout régler avec de la gentillesse, parce que certains y sont insensibles, comme ce policier qui t’as attaqué le jour où on s’est rencontrés. “

La fillette qui avait croisé son regard baissa les yeux avec tristesse.
Son ami lui répétait, à juste titre, ce que lui avait toujours dit les gens qui l’entouraient. Le monde était rempli de gens cruels et méchants, elle ne pouvait pas le changer… Pourtant, elle voulait quand même essayer.
Elle sentit un étau lui serrer un peu le coeur. Xiang la prit alors par les épaules.

“ Il faut que tu apprenne à te défendre, je ne serais pas toujours là. Je sais que tu veux faire le bien, mais quand on te fait du mal sans raison, et qu’il n’y a pas d’alternative, tu es obligée de te défendre, c’est injuste de se laisser faire sous prétexte que les autres sont plus forts ou plus méchants. D’accord ? ”

Même si l’idée qu’il ne soit plus là l’effraya un moment, elle réalisa qu’il avait raison… Elle voulait vraiment continuer à essayer d’aider les gens, de les faire sourire, où même de leur apporter un peu de lumière quand ils n’en avait plus… Mais tout le monde n’était pas d’accord avec ça. Alors il valait mieux qu’elle apprenne à se défendre contre les méchants non ?... Et puis on ne parlait pas de se battre là, juste de se défendre…
Angoissée par cette idée malgré tout mais convaincue, elle hocha de nouveau la tête en regardant Xiang droit dans les yeux.

“ D’a… D’accord. ” répondit-elle d’une voix hésitante mais convaincue.

Apparemment satisfait de sa réponse, le jeune garçon se releva et la prit par la main pour l’aider à faire pareil. Les jambes de la fillette ne tremblaient presque plus, elle arriva à se tenir debout. Elle adressa un sourire reconnaissant à son ami, pour de nombreuses raisons sans lui lâcher la main.

“ Je sais ce qui va te remonter le moral à toi… Je vais t’emmener voir monsieur Louisin, je pense que tu vas beaucoup aimer sa boutique. ” lança Xiang à la cantonade.

Judy pencha légèrement la tête sur le côté en l’écoutant. Monsieur Louisin ? Qu’est ce qu’il pouvait bien tenir comme boutique. Toujours un peu tremblante mais curieuse présent, elle suivit le garçon à travers les rues de la ville.
Le contact de la main de son ami calmait ce qui lui restait de panique et son angoisse ne fut bientôt plus qu’un lointain souvenir. Elle se sentait presque aussi bien qu’à l’époque où elle vivait encore avec ses parents et sa soeur au milieu des nomades. Rassurée, elle retrouva vite un sourire joyeux qu’elle tourna vers Xiang. C’était étrange, ils ne se connaissaient que depuis un peu plus de deux jours maintenant et pourtant elle se sentait proche du garçon. Elle se doutait qu’il donnait cette affection et cette attention à tous les enfants de sa famille qui en avaient besoin, mais la fillette ne pouvait s’empêcher de se sentir… comme une petite soeur à ses côté. C’était peut être ridicule, mais c’était comme ça.

“ Merci Xiang. “ finit-elle par dire simplement.

Main dans la main, tableau attendrissant dans ce monde abattu, les deux jeunes gens arrivèrent bientôt devant la boutique en question. Les yeux de Judy s’illuminèrent alors en quelques secondes et elle en resta bouche bée.

Etat de santé:

Inventaire:

Judy avait pouffé de rire en voyant Hugo et Xiang se chamailler gentiment. Elle n’en voulait pas le moins du monde au jeune garçon d’avoir pris la fuite auparavant. L’homme était grand et effrayant et elle ne savait pas comment elle même elle aurait réagit à sa place.
C’est donc dans une bonne humeur retrouvée que les trois compagnons arrivèrent devant la boutique. Et quelle boutique ! Judy en oublia presque l’incident avec le client saoul.
Le bâtiment était plus coloré que les autres échoppes et le propriétaire semblait avoir prit un soin tout particulier à le rendre lumineux et accueillant. Derrière les vitres soigneusements briquées s’étalaient des paniers et bocaux remplis de formes colorées. Judy reconnu aussitôt les produits : ils ressemblaient à ceux que Xiang avait offert la veille à plein d’enfants. Elle avait entendu l’un d’eux parler de “bonbons” et savait deux choses dessus c’est que ça se mangeait et que tout le monde aimait ça au refuge.
La veille au soir, Judy avait été très intriguée par ces petites formes colorées. Aujourd’hui, devant toutes ces formes et ces couleurs différentes dans tous ces bocaux de verre, elle était subjuguée. Et ce n’était rien par rapport à ce qui l’attendait à l’intérieur.
Des centaines de miliers de ces “bonbons” aux nombreux aspects, tous dans des couleurs chatoyantes. Tous contenus dans des boites ou des bocaux transparents et alignés sur une étagère qui montait presque jusqu’au plafond. Des jouets de toute sorte, en bois ou en tissu exposés sur des présentoirs aux teintes saturées. Le tout accompagné d’une odeur sucrée et entêtante.
Judy eut l’impression d’entrer dans l’intérieur d’un nuage. En tout cas c’est comme ça qu’elle imaginait l’intérieur d’un nuage.

“ Bonjour les enfants ! Que puis-je faire pour vous aujourd’hui ? ”

Judy était si concentrée sur toutes ces merveilles qui l’entouraient qu’elle sursauta légèrement en entendant la voix qu’elle ne connaissait pas. Un homme se tenait derrière un comptoir, posant le journal qu’il était en train de lire. Bien qu’il soit bien coiffé et maquillé, son visage en décomposition ne laissait aucun doute sur son appartenance au monde des goules.
Judy se remémora alors les paroles qu’avait eut Xiang avant d’entrer :

“ Alors par contre, monsieur Louisin est très gentil, mais c’est une ghoule. Je te le dit pour que tu ne sois pas surprise, il n’aime pas qu’on le regarde de travers à cause de ça. ”

La petite fille n’avait rien contre les personnes qu’on appelait communément “ghoules” et qui comme lui avait expliqué sa mère n’était que de pauvres âmes qui avait subi un sort pire que la mort à cause des radiations. Elle aurait plutôt eu tendance à ressentir de la compassion à leur égard.
Néanmoins l’avertissement de Xiang lui permit au moins de ne pas paraître trop surprise. Elle fit un sourire timide au propriétaire des lieux en se tortillant les mains d’un air gêné. L’ainé de leur trio lui s’avança et serra la main du confiseur.

“ Bonjour monsieur Louisin, je vous présente Judy, elle a besoin de petits bonbons ! ”

La fillette se sentit encore plus mal à l’aise et regarda ses chaussures quelques secondes. Mais elle dû relever les yeux lorsque Xiang lui déposa dix capsules dans la main. Avec un sourire bienveillant il lui annonça :

“ Tiens, achète-toi ce que tu veux avec. ”

Judy le regarda dans les yeux et le rouge lui monta aux joues face à ce cadeau. Elle hésita à tenter de refuser mais se rappela les paroles du garçon lors de leur première rencontre : “il ne faut pas refuser quand tu peux en manger”.
C’est vrai que ces bonbons l’intriguaient et lui donnaient envie, et puis le garçon n’aurait sûrement pas accepté un refus. Il l’aurait même grondée sans doute.
Elle ferma donc la main et hocha la tête, autant de reconnaissance que pour affirmer. Puis elle trotta timidement jusqu’au vendeur qui s’était emparé d’une paire de pinces et d’un sac en papier pour se rapprocher des étagères. Il se pencha vers elle et lui demanda :

“ Alors, dis-moi ce qui te ferait plaisir ma petite. ”

Son haleine était forte et sentait comme un animal mort. Mais Judy se retint de couvrir le nez pour ne pas paraître impolie. C’était sans doute un défaut qu’avait l’homme à cause de sa condition et elle ne voulait pas le blesser. Elle lui fit donc un petit sourire et se concentra sur les étagères.
Il y avait tellement de choix… Elle n’avait aucune idée de ce qui lui ferait plaisir. Surtout qu’elle ne connaissait aucun de ses aliments appelés “bonbons”. Mais à force de parcourir les bocaux des yeux, elle tomba sur un qui contenait des formes de papillons blancs avec des rayures aux couleurs de l’arc-en-ciel. Fascinée, elle désigna d’un doigts hésitant les confiseries.

“ Je… Je peux avoir ceux là s’il vous plaît monsieur Louisin ? ”

La ghoule lui fit un sourire attendrit.

“ Évidement que tu peux, attends voir. ”

Il attrapa le bocal et se servit de sa pince pour piocher les papillons sucrés à l’intérieur. Il en mit plusieurs poignées dans le sac en papier qu’il tenait et le donna à la fillette.
Celle ci l’attrapa le plus délicatement du monde comme s’il avait s’agit d’un trésor fragile. Puis elle donna les capsules au vendeur et s’inclina devant lui. Encore une geste qu’elle gardait de ses années d’esclavage.

“ Merci beaucoup monsieur. ”

Toute heureuse, souriant d’une oreille à l’autre, elle revint alors vers Xiang pour lui montrer fièrement sa trouvaille. Puis elle se plaça à côté de lui en observant Hugo faire lui aussi son choix. La gratitude gonflait son coeur et n’y tenant plus elle attrapa doucement la main de son aîné. Elle ne lui adressa pas de “merci” cette fois, mais n’en eut pas besoin. Son regard et son sourire lui transmirent une reconnaissance impressionnante qui allait bien au delà d’un paquet de bonbons offert.

Etat de santé:

Inventaire:

Évidemment Judy n’avait pas vraiment la notion de la valeur de ces bonbons.
Aussi Xiang qui semblait beaucoup s’amuser vint à son aide pour lui aider à choisir autre chose que ses papillons sucrés. Judy qui ne s’attendait pas à pouvoir ajouter d’autre confiseries à ce qu’elle avait déjà rayonna comme une petite fille dont c’était l’anniversaire.
Après quelques minutes à choisir grâce à son ami des bonbons supplémentaires, Xiang, Hugo et elle furent enfin prêts à repartir.
Leur aîné lançait d’ailleurs au plus jeune un regard sévère lorsque la fillette était revenue vers eux. Elle ne comprit pas exactement pourquoi mais ne se posa pas davantage la question.
Ils saluèrent monsieur Louisin, Judy s’inclinant de nouveau respectueusement devant lui, et quittèrent l’endroit.
Il était difficile de dire qui des deux plus jeunes affichait la mine la plus joyeuse. La petite flûtiste lança un regard ravi à son sachet de sucrerie. Xiang les mit alors en garde sans perdre pour autant sa bienveillance :

“ Alors attention, ne mangez pas tout maintenant, c’est l’heure du déjeuner d’accord ? Qu’est-ce que vous voulez manger ? ”

Judy lui adressa un sourire joyeux et approuva immédiatement.
A vrai dire, elle n’avait pas l’intention de manger ses sucreries maintenant, même si elles donnaient très envie. Elle voulait les partager avec les autres enfants de leur refuge, tout comme elle avait vu le garçon faire la veille. Elle espérait ainsi les voir sourire et ressentir la même joie qu’elle ressentait à l’instant.
Fière de cette idée, elle serra précieusement le sac contre sa poitrine et réfléchit à la seconde question. Hugo avait déjà répondu, mais pour elle c’était plus dur... Du temps où elle était nomade, elle mangeait surtout les tartes et pains aux légumes délicieux que préparaient sa mère, mais elle n’était pas sûre d’en trouver ici… Durant sa période de servitude, elle n’était nourrie généralement que de pain et d’oeufs que lui donnaient son maître… Et quand elle s’était retrouvée seule, puis avec Fenrir, elle s’était nourrie de conserves de fruits et légumes qu’elle trouvait. Pas les plats les plus goûteux…
Comme elle ne savait pas trop ce qu’elle pouvait trouver en ville, elle proposa alors le chose qu’elle avait préféré, et mangé deux jours plus tôt.

“ Euh… De.. la soupe de nouilles ? ” demanda t-elle timidement.

Etat de santé:

Inventaire:

Sa proposition lui attira le sourire attendrit de Xiang et une réplique d’Hugo.

“ Pouah des nouilles ! Moi je veux des frites de tato et un steak de brahmine, au moins comme ça ! ”

Il élargit les bras pour illustrer ses paroles.
Xiang se mit à rire et Judy pouffa de nouveau, une main devant la bouche, amusée par l’enthousiasme du garçon. Puis ils suivirent leur aîné à travers les rues, discutant joyeusement. Une atmosphère de bonne humeur les avait enveloppé tous les trois et en cet instant Judy oubliait presque le monde dans lequel ils se trouvaient. Elle appréciait juste l’instant qu’elle grava dans sa mémoire.
Ils arrivèrent à un petit bâtiment semblable à celui où Xiang avait emmené la petite flûtiste deux jours plus tôt. La garçon se chargea de la commande pour tout le monde. Judy l’entendit  parler de “n’aime de légumes” dans sa soupe. Elle se demanda bien ce que ça pouvait être mais laissa faire son ami, curieuse.
Ils bavardèrent ensuite avec entrain en attendant leurs commandes. Hugo se vantant de ses performances de la journée. Xiang le rabrouant gentiment en lui lançant des répliques moqueuses. Judy osa même citer le moment où elle avait vu la balle, fière d’avoir réussi ce tour.
L’incident avec l’homme éméché semblait avoir totalement disparu.
Puis les plats arrivèrent et Xiang détourna vers un autre sujet.

“ Tu l'auras peut-être remarqué, mais j'ai en permanence les traits tirés... ” dit il à la fillette.

“ Ouais, c'est à se demander comment t’arrive à voir clair dis ! ” répliqua Hugo du tac-au-tac.

Leur aîné lui asséna un nouvelle petite claque sur l’arrière de la tête que Hugo ne parvint pas à esquiver. Judy rit de nouveau devant ce jeu entre les deux qui commençait à l’amuser et Hugo sourit avec espièglerie.
Elle ne s’était jamais vraiment interrogée sur l’apparence de Xiang. C’est vrai que sa peau arborait une teinte tournant au jaune et que ses yeux étaient légèrement plissé et en amande. Mais à vrai dire elle s’était toujours concentrée sur ce qu’il y avait à l’intérieur des gens et ne réfléchissait du coup pas trop à leur apparence.
Xiang reprit :

“ Yeux tirés disais-je et le teint jaune,on m'a un jour expliqué que c'est parce que mes ancêtres devaient venir d'un autre continent très loin qu'on appelle l'Asie. Et ça, soit disant, c'est une recette d'où mes ancêtres viennent. Je sais pas si c'est vrai mais en tout cas je suis sûr que tu vas te régaler ! ”

Judy qui l’avait écouté avec attention regarda son plat. En plus des nouilles, le serveur lui avait amené ces fameux “n’aimes” qui ressemblaient en fait à des petits gâteaux roulés.
Xiang lui décrivit la composition de l'aliment. Cela mit l’eau à la bouche de la petite flûtiste qui s’empressa d’attraper son couvert et après s’être assurée que les deux autres avaient commencé, se jeta sur son plat.
Les nouilles étaient délicieusement salés et tout aussi bonnes que l’avant-veille. Puis elle apporta avec curiosité un nem à sa bouche et mordit dedans. La galette roulée et frite était croustillante et à l’intérieur, les légumes broyés et épicés formaient un mélange délicieux. Les yeux de la fillette semblèrent s’illuminer. Elle avala le reste de l’aliment d’Asie et en rougit de plaisir.

“ C’est... délicieux ! “ ne put elle s’empêcher de s’extasier.

Tout en disant ça, elle serra sa fourchette dans ses deux mains et ferma les yeux comme pour savourer plus encor le met.
Puis, suivant l’exemple de ses compagnons, elle se jeta corps et âme sur son plat.
Entre chaque bouchée, elle se laissait emporter par les saveurs qui l’emmenait loin dans un rêve éveillé. Elle se plongeait dans son imagination pour essayer de deviner à quoi ressemblait ce continent d’Asie que décrivait Xiang.
Elle n’avait pas l’habitude de manger autant et celui ci était si consistant qu’elle hésita à finir le dernier nem. Remarquant alors le regard de son ami aux-yeux-tirés elle sourit de bonheur, piqua dans le dernier nem de sa fourchette et proposa aux deux garçons :

“ Vous voulez goûter ? C’est super bon ! J’ai même plus faim. ”

Tout en attendant la réponse de ses compagnons, la fillette demanda aussi à son aîné :

“ Dis Xiang, ça ressemble à quoi l’Asie à ton avis ? C’est grand tu crois ? ”

Elle avait le regard brillant alors que les images d’une terre magnifique continuaient à lui venir en tête, pleine d’herbe verdoyante et d’animaux non-mutés.

Etat de santé:

Inventaire:

Judy se remit à sourire avec joie et amusement en voyant Hugo et Xiang se chamailler gentiment. Puis elle donna son nems restant au plus jeune garçon qui le dévora avec appétit. La fillette le regarda faire, amusée par sa gloutonnerie et contente d’avoir au moins fait un heureux.
Elle tourna ensuite son attention sur Xiang et lui posa sa question sur l’Asie, curieuse de savoir ce qu’il imaginait lui. Le garçon la regarda avec des yeux écarquillés comme des billes. Croyant que sa question était stupide, la fillette rougit légèrement, mal à l’aise.
Mais le garçon finit par répondre :

“ Heu…. J’avoue que j’en sais rien du tout. C’est juste Mei, la fille qui m’a recueillit quand j’étais bébé qui m’en a parlé. Elle est asiatique elle aussi, elle travaille à l’hôtel Le François aujourd’hui. ”

Judy le regarda avec surprise et curiosité. Xiang ne lui avait jamais parlé de cette Mei. Il lui avait juste dit que c’était Gunther qui l’avait élevé et qu’il était un peu comme son père.
Le garçon croisa ses mains sous son menton et continua :

“ C’est vrai que c’est bizarre quand on y pense, rien savoir d’où on vient vraiment. Je sais même pas de qui je suis l’enfant, Mei m’a trouvé abandonné dans une ruelle quelques heures seulement après ma naissance. Ça changerait pas ma vie mais je serais curieux quand même de savoir d’où je viens. ”

La petite flûtiste sentit un élan de compassion et de tristesse envers son ami. Elle n’avait pas réalisé jusqu’à présent en voyant sa grande famille si soudée et joyeuse, mais aucun d’eux ne connaissait ses parents. Et même si Xiang n’avait pas l’air de s’en trouver si déprimé, le fait qu’il se pose cette question lui laissait penser que ça le taraudait.
Hugo confirma cette pensée en approuvant son aîné :

“ Ouais pareil… ”

Judy leur lança un regard à tour de rôle, se demandant si elle avait bien fait de poser sa question à Xiang. Son air était un peu gêné. Elle avait toujours été marquée par la mort violente de son père et la séparation avec sa mère et sa soeur. Mais elle se rendait compte maintenant qu’au moins elle avait eu la chance de connaître sa famille, de savoir d’où elle venait… Elle ne pouvait pas imaginer ce qu’elle pourrait ressentir si elle ne connaissait pas ses parents.
Néanmoins elle se reprit vite et afficha un sourire compatissant avant de reprendre la parole :

“ L’important c’est que vous soyez tous ensemble, en famille. ” dit elle gentiment, essayant de remonter le moral de ses deux amis.

Sentant que l’ambiance était descendue, elle chercha à changer de sujet en s’adressant à leur aîné:

“ Dis Xiang, tu veux toujours que je t’apprenne à jouer de la musique ? ” demanda t-elle en souriant.

Etat de santé:

Inventaire:

À son regard mal à l’aise et sa réflexion, Xiang la rassura d’un rire léger.

“ Tu n’as pas à t’excuser, c’est pas comme si le sujet m’affectais… Je m’en fous en fait ! ” lui assura t-il.

Il lui fit ensuite un clin d’oeil et ajouta :

“ Je l’ai accepté il y a longtemps, je suis passé à autre chose tu sais… ”

La fillette lui rendit un petit sourire en se frottant la nuque. Elle n’arrivait pas à savoir si le garçon était vraiment détaché vis à vis du sujet ou s’il faisait bonne figure pour garder le sourire. Mais après tout c’était peut être quelque chose de trop personnel comme question.
Alors elle rebondit sur un autre sujet, celui de la musique. Là, Xiang approuva d’un signe de tête alors qu’ils quittaient la table et sortaient du bâtiment, repus. Hugo lui lançait un regard déjà espiègle lorsqu’il répondit :

“ Ah oui toujours ! Ce serait avec grand plaisir Juju ! ” s'enthousiasma leur aîné.

“ Ah ouais ? Je te vois mal jouer de ce truc pourtant... ” avança Hugo d’un air faussement innocent, confirmant ce que Judy avait lu dans son regard.

“ Bah pourquoi ? ” demanda Xiang.

“ Comme ça… Comme ça... ”

Percevant sans doute la moquerie dans la voix de son apprenti, le garçon lui asséna léger coup de pied au derrière qui arracha un petit rire étouffé à Judy.

“ Moi je suis sûre qu’il serait doué. Il est agile avec ses doigts. renchérit la fillette en souriant au plus jeune. “ Et puis je pourrais t’apprendre à toi aussi si tu veux Hugo. ”

Sa bonne humeur était totalement revenue. Aussi, lorsque Xiang annonça la suite elle ne perdit à aucun moment son sourire :

“ Par contre avant, faut qu’on finisse notre journée. On va remettre ça là-bas ? Ça vous branche ? ”

Hugo approuva immédiatement et Judy hocha d’abord positivement la tête. Bien sûr elle avait toujours en tête l’agression de tout à l’heure qui lui donnait une petite appréhension. Mais la suite lui avait tant redonner le sourire qu’elle ne laissait pas cette angoisse l’envahir. Elle voulait se montrer utile !

“ Je suis prête ! ” répondit elle simplement avec joie et motivation.

Puis elle aida ses deux amis à dresser un stand acceptable avec les cartons qui trainaient dans la rue.

Etat de santé:

Inventaire: