La guerre ne meurt jamais... En 2290, dans les terres désolées de la Nouvelle-Orléans, plusieurs factions s'affrontent pour le contrôle de la région... Qui serez-vous ? |
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| Sujet: Cris et chuchotements Ven 4 Nov - 21:06 | | Je hais porter une armure assistée. Je hais cette sensation d'arpenter le monde comme si j'étais dans un scaphandrier au fin fond de la fosse des Mariannes, arpentant d'un pas lourd, protéger par une épaisseur de blindage du monde que je voyais mais que je ne sentais pas... l'AA nous isole et rend fou à bien des égards. Bien des gens dans les terres désolés nous regardent avec grande crainte et ça, je sais que certains soldat s'en réjouisse... mais c'est vrai : comment rester de marbre alors qu'à notre simple vu l'on inspire la crainte et l'on force le respect ? Une balle à bout portante ne nous fait rien, imaginez ! On se sent dès lors immortel. Quand on porte une AA on a deux options, soit embrasser cet état de fait, se sentir ET se savoir sur-puissant, dépasser notre condition d'homme en repoussant notre force physique, sois éprouver un profond malaise.
Je suis de ses derniers, bien évidement. Je me rappel très clairement ma première crise d'angoisse, c'était il y a quelques mois, alors qu'avec mon binôme nous avancions au milieu d'un camp de miséreux. Les pauvres avaient subit un raid de pillards il y a quelques jours de cela à peine... Dans les rues boueuses l'on trouvait encore enlisé dans la terre des cadavres décomposés, le ventre gonflé et explosé, laissant apercevoir une masse grouillante d'asticots blancs comme neige et à la grâce d'une limace. Ces saloperies sortaient de partout, de sa bouche et de ses blessures. Et il y en avait d'autres de cadavres, beaucoup d'autres. Et je regardais ce charnier d'un œil... lointain. Ni odeur, ni traces de sang sur mes mains, seulement sur les gants de mon armure. Alors je me demandais : pourquoi, pourquoi bon dieu n'ont ils pas enterré leurs morts ?
On continua de marcher dans le camp. Des enfants déformés par les radiations, des jeunes de mon age... ridés, courbés, ravagé non pas par le temps mais par les éléments. Et je vis alors. Je vit ceux qui ramassaient les asticots, à main nues, pour les mettre dans un sceau. Et je les vit broyer les asticots pour en extraire une pâte grisâtre qu'ils mangeait avec des radfruits.
Je fus prise d'angoisses. Insensées. Et si ma batterie me lâchait ? Et si je restait prisonnière de cette armure à jamais là, ici, au milieu de cette terre morte, à n'avoir pour l'éternité plus qu'à observer des miséreux vivre leur misérable vie ?
***
Je prit une profonde inspiration. Très profonde.
Les yeux fermés, je laisse fuir les mauvaises pensées. Et je ressent. Je ressent et le soleil et le vent. J'entend les quelques discutions de mes compagnons de voyage et le ruminement des brahmines de la caravane. Plus loin j'entend les fougères frémir sous une bourrasque et la poussière se soulever du sol pour aller se poser quelques mètres plus loin l'accalmie revenue.
Bien. Je suis bien. Si bien.
J'ouvre les yeux et découvre la caravane prête à partir, enfin. Trois brahmines, chargées à leur en péter les cervicales, sauf la première où trône le Gros Bill, propriétaire de la dite caravane. Nous sommes quatre voyageurs plus un garde. Tout se beau monde se rend à la Nouvelle Orléans.
Moi ? J'y vais... pourquoi ? Dans l'espoir fou d'y retrouver ma sœur ? Non ! Quelle salope je fais, utiliser ma sœur comme excuse. Je pars pour partir. Je pars pour voir le monde tel qu'il est et non pas tel qu'il parait à travers la visière d'un casque high tech.
Bill fouette sa bête, et le cortège se met en branle.
***
Cinquième heure de marche. Les deux première furent magnifique, j'étais comme le prisonnier sortant de la caverne de Platon. Le monde est si étonnant ! La troisième heure fut propice à philosopher. La quatrième et la cinquième étouffante d'ennuis.
Et maintenant je me surprend à broyer du noir. Notre chapitre n'avait il pas pervertie les idéaux de l'enclave de la pire des façons ? Empruntions nous la bonne voie ?
J'ai mal aux pieds, aux cuisses et au dos. J'ai la tete lourde, la gorge sèche. J’aperçois ce gros porc de Bill, harnaché sur sa bête de somme à chantonner un air cajun.
Je suis sur qu'il prend plaisir à fouetter sa brahmine, ouais, il la fouette trop souvent et à chaque fois en lâchant une insulte salace. Oh ! Tu la baiserais pas par hasard mon salop ? Oh, Gros Bill, immonde porc lubrique, baiseur de vache à deux tete !
Je m'offusque moi même. Mon dieu pardonnes moi. Pardonnes moi, pardonnes moi. Comment ais je bien pu penser une chose aussi épouvantable ! Quelle... quelle mauvaise personne je fais là !
Je m'approche de la tete de la caravane, histoire de causer avec se brave Bill et d'une certaine façon m'excuser pour les pensées immondes et autres apriori que j'ai pu avoir sur ce brave homme.
- Dites moi Monsieur Bill, d'où...
Son visage explosa comme une pastèque trop mure. Bam et splash. Le sang et les morceaux de cervelles s’abattent au sol en une fine pluie. Je suis aspergée de sang jusque dans ma bouche que j'avais malheureusement ouverte alors que... et bien vous savez, alors qu'il a explosé. |
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| Sujet: Re: Cris et chuchotements Ven 4 Nov - 21:45 | | - Tu m'avais promis une caravane entière, pas 5 pégus autour d'un brahmine. - De quoi tu te plains, Franck ? Tu m'as posé plein de conditions. Pas de routes empruntées par la Nouvelle-France. Pas de messager des marais. Pas de coin à raider... Peu de gens viennent par ici. C'est déjà un miracle qu'on ait réussi à filer celle-là, tu vas pas en plus me broyer les noix parce que c'est pas ton quota mensuel.
Quel crétin ce Jack. Déjà rien que son nom c'est un énorme nom de pédé. « Jack Smith ». Bordel... Jack Smith. Vous voyez le pedigree. Un mec à la mâchoire carrée, des bras épais, une petite taille mais qui ne fait que renforcer son côté trapu. Y paraît qu'on est collègues. Mais ça veut rien dire collègues dans ma profession. On est pas des soldats. On est pas des miliciens. On est même pas des mercenaires. Il nous manque, cet... Comment ils appellent, ces cons de l'armée ? Esprit de corps. Le mot est français mais c'est pareil en anglais.
- Je vois plusieurs gars armés... Rien qu'on puisse pas se payer à trois. - T'as toujours ta cachette ? - Oui mais j'aimerai bien garder le brahmin vivant, pour le ramener en Louisiane... - On va s'arranger ça.
Jack siffle à son pote. On est tous les trois allongés dans la poussière, sur un caillou au milieu du paysage. C'est à moi qu'on a filé les jumelles. Cela me permet d'observer la petite route. Le soleil est dernière nous, il est écrasant ce bâtard, heureusement il peut éblouir que les pégus qui sont autour de leurs bêtes.
- Tu commences ? - Ouais... Ouais pas de problème, t'inquiète. - D'ac.
Je retire la carabine qui se trouve sur mon épaule. J'avance mon bras gauche en avant, me permettant de reposer mon fusil dessus. Grande respiration. Ils ne nous ont pas vu. Non pas que nous soyons des commandos dans l'expert du camouflage, ils ont juste l'air de pas faire attention. Ils ont l'air éminemment stupide dans leur manière de s'être répartis pour protéger leur convoi. On pourrait croire que c'est un avantage. C'est faux. Il y a que les dégénérés de raiders camés à donf, tellement fort qu'ils se pissent dessus en se refilant des seringues usagées, qui croient qu'attaquer des convois mal armés c'est bien. C'est souvent qu'ils transportent rien que de la camelote, de la merde à récupérateur, avec des cocottes-minutes et des boîtes au lettre en métal. Les vrais convois ils sont protégés par des escorteurs cuirassés de kevlar partout, voire même avec la chair à canon de Nouvelle-France, lorsque le patron a graissé assez de pattes.
- Jack. - Quoi ? - Tire pas n'importe où. Abat les hommes qui te menacent, hésite pas à prendre des prisonniers qu'on puisse rançonner. - Ok.
Je suis sûr il pensait pas à ça ce crétin. Je suis obligé de le prévenir avant, parce que, c'est vraiment pas une lumière ce type. Le convoi va vite passer devant nous. On risque de perdre notre petit temps où qu'on peut agir, notre fenêtre où l'embuscade est parfaite, où elle peut se dérouler sans accroc. Pas de mine. Pas de plan compliqué. Rien que des gars avec des fusils contre des mecs qu'on va frapper par surprise. Je suis pas inquiet. De quoi je devrai l'être ? J'ai fais ça toute ma vie. Avant c'était moi qui tirait les bêtes. Maintenant c'est moi qui tire dessus. Ma respiration s'arrête un instant. Crosse vers l'épaule. Œil gauche fermé, le droit pointe direct vers le réticule. Mon doigt se pose sur la gâchette froide et franchement dure du flingue. J'appuie soudainement après m'être aligné avec la tronche du conducteur du convoi. Je peux voir la balle foncer dans une ligne droite jusqu'à sa tête... Et qui n'en ressorts pas. Parfait ! Il a la tête à l'air, un gros trou à travers le front, mais ça a pas fait de mal au brahmine derrière. Je peux pas m'empêcher de sourire, à pleine dent, alors qu'il faut que je recharge l'arme. Je comprend vite pourquoi les carabines existent dans les westerns et pas dans la vraie vie. C'est trop chiant d'actionner le levier quand t'es couché... Je suis obligé de me rouler sur le côté pour préparer une nouvelle balle. En attendant, j'entends plein de détonations en contre-bas, très courte. Et un ou deux hurlements différents. Je reconnais les cris. Cela me fait rire parce que je reconnais ni les cris de Jack ni de son pote qu'il m'a ramené ; Et croyez-moi, j'ai déjà entendu leurs cris.
Heu... Merde, j'aurai pas dû formuler la phrase comme ça. Me prenez pas pour un pédé. J'ai horreur de ces dégénérés-là.
Je me lève et descend des rochers, en tenant mon arme par le fût. Je suis pas en tenue de combat, mais mes bottes aux pattes sont bien suffisantes pour amortir mes multiples petites chutes, jusqu'à ce que je me retrouve en contrebas. Jack et l'autre ont pas bougé. Ils sont restés cachés dans des buissons secs, à tirailler de partout. Je m'approche rapidement, totalement à découvert, et va vers le convoi où je vois trois cadavres sur le sol. C'est marrant un cadavre. Quand on tire sur un mec ils volent jamais, ils écartent jamais les bras et les jambes dans tous les sens. Au contraire, on dirait des petits « i » bien couchés sur le ventre ou sur le dos.
- Je vois que ça sert beaucoup que je dise « Tirez pas sur les brahmines » ! Regardez-moi ça les gars ! Quel manque de professionnalisme !
Une des bêtes a été criblée de balles. Elle est couchée sur le côté en hurlant. Vu les traces des trous on dirait un pistolet-mitrailleur, donc c'est forcément ce crétin de Jack. Il sort des fougères avec une bonne tête de truand. Il a juste mis un foulard pour se couvrir la bouche. Je l'imite en me recouvrant avec une écharpe. Seuls mes yeux et mes cheveux sont à l'air. On a l'air ridicules fringués comme ça... Mais faut bien un peu de protection. On sait jamais avec les chasseurs de prime.
Il reste deux survivants. Une meuf, blonde, et puis un mec à la peau noire. J'aime pas ces gens... Enfin. C'est tout, hein. Je... Je vais pas donner mon opinion plus que ça, après vous allez avoir une mauvaise opinion de moi. Ils ont l'air terrifiés. Et pas armés. J'espère pas, parce que moi aussi j'ai deux cons armés derrière-moi. Jack et son PM, l'autre tante (La tante elle s'appelle « Amaury » au fait, gros nom de tata vous admettrez), qui porte une coupe de cheveux en mohawk, a le nez cassé, et un beau shotgun entre ses petits doigts de meuf.
- Ne luttez pas et ne bougez pas. On en a pas après vous. Mains derrière la tête. Allez, allez, fissa.
Je sors ma batte de base-ball alors que monsieur Smith et Amaury s'approchent du cadavre du chef pour le virer du brahmin. Et ils commencent à ouvrir les marchandises pour trouver un truc. Y a intérêt à ce que ce soit des choses qui se vendent, et pas de la camelote...
- Oui, c'est bien, vous m'obéissez. J'suis désolé de ce qui vous arrive. Mais restez tranquille, et tout va bien se passer. Ou sinon, bah... Vous serez tranquilles pour un long moment.
J'ai sorti ma batte de base-balle. Celle qui m'accompagne toujours. Je la pose sur mon épaule, en la tenant par la main droite. Eux deux, là, la blonde et le noir, y sont à mes genoux. Ils osent pas parler. Encore sous le choc je crois. La femme elle a de la cervelle sur la tête. En tout cas ils restent tranquilles, j'aime bien. Je dois avoir l'air d'un trou du cul, avec ma voix, et l'air que je prend. Putain, je me fais honte moi-même... Mais c'est toujours efficace. C'est de la comédie. Les gens se pissent dessus en voyant un gars avec un blouson en cuir qui porte une batte couverte de fil barbelé.
- Eh ! M'Sieur Lavigne ! Y a des bouteilles d'alcool artisanal partout dans le paquetage ! Ça se vend bien ça ! Vous voulez faire quoi avec les deux prisonniers ?
Je soupire. Qu'est-ce qu'il est con... On se connaît que depuis aujourd'hui, Amaury et moi. Et il vient de commettre l'erreur de bleu, l'erreur number one, celle qu'il ne faut jamais faire. Je tourne lentement mes yeux vers lui en retirant mon écharpe.
- Eh bien. A ton avis ? Maintenant que t'as dis mon nom à voix haute...
Je hausse les épaules. Et je lui fais un beau sourire, très malicieux, le genre d'un gamin qui dit : « Ah, dommage... ». Je lève la batte et je me prépare à faire mon devoir... Hop. Homerun dans la face du quota ethnique. Il a même pas eut le temps de réagir ou de hurler un mot pour m'implorer de m'arrêter. Le sang gicle comme pas possible. Mais je m'arrête pas pour lui laisser le temps de piailler. Non, non, c'est pas ce genre de chose aujourd'hui. Je le termine rapidement en râlant, 5 ou 6 coups sur sa tête allongée sur le sol. Il reste plus grand chose de lui après. Juste des yeux vitreux et... Et une plaie béante sur le crâne.
Je me recule en haletant, et en ricanant.
- Woah ! Putain j'lai encore ! T'en penses quoi la blonde ? T'es la dernière debout... Tu trouves que j'ai un beau lancé ? |
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